
De la naissance d’un actif à une infrastructure essentielle : La bancabilité des systèmes de stockage d'énergie par batterie
Le récent closing du financement de l’investissement conséquent dans les projets d’installations de stockage de batteries de Constantine, ainsi que le financement du projet Eccles de Zenobe, ont attiré l'attention sur le développement de la classe d'actifs des systèmes de stockage d'énergie par batteries (BESS). Ces transactions illustrent l’augmentation du nombre de financements de ce type en Europe, en particulier au Royaume-Uni.
Alors que de nouveaux financements devraient voir le jour au Royaume-Uni et en Europe, quelles sont les tendances en matière de structures de financement et de bancabilité des projets BESS?
Par Nathalie Lemarcis et Michael de Witte, Financement & Conseil Energie, au sein de Société Générale, qui a agi en tant que « Mandated Lead Arranger & Hedge Provider » pour ces deux opérations.
L’argument en faveur des batteries
Afin de réduire radicalement les émissions de carbone, le gouvernement britannique a adopté plusieurs objectifs ambitieux. Conformément à l'Accord de Paris, il s'est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 68 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Il s'est également engagé légalement à atteindre le zéro émission nette d'ici 2050, une étape cruciale dans la transition du pays vers une économie à faible émission de carbone.
L'ampleur du défi requiert de fortement développer la capacité de production d'énergie renouvelable : le Royaume-Uni compte en effet daugmenter sa capacité de production d'énergie solaire jusqu'à 70 GW d'ici 2035 et sa capacité de production d'énergie éolienne en mer jusqu'à 50 GW d'ici 2030. Les énergies renouvelables, hors hydroélectricité, représentaient déjà 52,9 % de la capacité de production d'électricité installée au Royaume-Uni en 2023.
À court terme, le Royaume-Uni s’était engagé à éliminer la production d'électricité à partir du charbon non atténué du marché de l'énergie britannique d'ici 2024, avec l'objectif de décarboner entierement son système énergétique d'ici 2035.
Étant donné la nature intermittente de la production solaire et éolienne, et le manque d'investissement dont souffre le réseau, les technologies de stockage par batteries sont bien placées pour combler le vide laissé par les générateurs d'énergie pilotables, aider à stabiliser le réseau et contribuer à un meilleur ajustement entre l'offre et la demande.
National Grid ESO, opérateur du réseau électrique britannique, estime que le Royaume-Uni aura besoin de 50 GW de capacité de stockage d'énergie d'ici 2050 pour atteindre l'objectif de zéro émission nette que s’est fixé le pays.
Les consultants prévoient entre 15 GW et 20 GW de capacité de stockage d'énergie par batteries d'ici 2035-2040 (quatre fois plus qu'en 2023), ce qui illustre le rôle critique des batteries dans la décarbonation du réseau.
Le BESS est une technologie flexible, éprouvée et à faible coût, susceptible d'être plus compétitive et réactive que d'autres technologies émergentes plus coûteuses. Cette technologie sera amenée à jouer un rôle essentiel à mesure que la demande globale d'électricité va augmenter au Royaume-Uni.
Parallèlement à l'augmentation de la capacité installée, les producteurs de batteries ont aussi travaillé sur des batteries de plus longue durée, loin des batteries de 1 heure désormais obsolètes. En 2030-2035, les batteries de 6 heures ou 8 heures devraient dominer le marché et ces solutions seront potentiellement plus compétitives en termes de coûts que d'autres technologies de stockage de longue durée.
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